Matrice SWOT à remplir : guide pratique pour une analyse stratégique béton
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Matrice SWOT à remplir : guide pratique pour une analyse stratégique béton

Pourquoi la matrice SWOT reste incontournable (même en 2024)

On pourrait croire qu’avec tous les outils stratégiques qui fleurissent aujourd’hui, la fameuse matrice SWOT aurait pris un coup de vieux. Et pourtant, elle résiste. Mieux encore : elle se révèle souvent être le point de départ le plus pertinent pour toute réflexion commerciale. Simple, visuelle, directe, elle permet de dégager rapidement les enjeux, les forces et les axes de progression d’une entreprise… ou même d’une équipe commerciale.

Mais attention : remplir une matrice SWOT, ce n’est pas jeter des idées en vrac dans quatre cases. C’est un vrai exercice de lucidité stratégique. Dans cet article, on va voir ensemble comment faire de votre SWOT un vrai levier opérationnel – pas juste un joli tableau dans un PowerPoint oublié.

SWOT : petit rappel pour les (faux) débutants

Pour ceux au fond de la salle qui roupillent depuis 2004, une piqûre de rappel :

  • S pour Strengths (forces) : les atouts internes qui vous différencient positivement.
  • W pour Weaknesses (faiblesses) : les points de fragilité internes à corriger ou à surveiller.
  • O pour Opportunities (opportunités) : les tendances ou éléments externes à exploiter.
  • T pour Threats (menaces) : les dangers potentiels venant de l’extérieur (marché, concurrence, réglementation…).

On parle bien ici d’une double analyse : interne (forces/faiblesses) et externe (opportunités/menaces). C’est ce qui fait toute sa richesse.

Et si vous pensez qu’un SWOT se remplit en 15 minutes entre deux cafés… désolé de casser l’ambiance, mais une bonne analyse demande un minimum de méthode – et un peu de courage stratégique.

Quand utiliser une matrice SWOT ?

Avant de vous lancer tête baissée, posez-vous une question : dans quel contexte est-ce pertinent de faire ce SWOT ?

  • Lancement d’un nouveau produit ou service
  • Repositionnement d’une offre commerciale
  • Analyse concurrentielle
  • Révision d’un plan de prospection
  • Préparation d’un pitch client
  • Audit interne d’équipe commerciale ou de performance individuelle

En réalité, toute décision un tant soit peu structurante mérite qu’on y pose un regard SWOT. C’est l’outil parfait pour clarifier la situation… et éviter les décisions fondées sur l’intuition seule. Et croyez-moi, après 20 ans sur le terrain, j’en ai vu des boîtes partir bille en tête sans avoir pris ce recul stratégique. Résultat : perte de temps, d’argent, et parfois… chute libre.

Lire  Ishikawa diagramme exemple : identifier les causes de vos échecs commerciaux

La méthode pas-à-pas pour construire votre SWOT béton

Passons aux choses sérieuses : comment remplir concrètement votre matrice SWOT ? Voici ma “roadmap” personnelle, éprouvée sur le terrain.

1. Collectez des données fiables

Un bon SWOT commence par une bonne écoute. Avant d’écrire la moindre force ou faiblesse, armez-vous d’informations :

  • Entretiens avec vos équipes (commerciaux, market, support)
  • Feedback clients (en or pour identifier vos vraies forces – ou vos faiblesses cachées)
  • Données de performance : chiffres de CA, taux de conversion, durée de cycle de vente…
  • Analyse concurrentielle
  • Une veille marché sérieuse : tendances sociétales, techno, réglementaires

Si vous remplissez votre SWOT uniquement avec « ce que vous pensez », attention au biais de confirmation. Une entreprise a rarement une vue totalement lucide d’elle-même… surtout quand tout semble aller bien.

2. Identifiez les forces

Posez-vous cette question : quelles sont nos différences gagnantes ?

Cela peut être :

  • Une équipe commerciale ultra-formée et motivée
  • Une notoriété forte sur un segment de marché
  • Un outil CRM très bien intégré avec les process internes
  • Des délais de réponse ultra courts aux demandes clients

Une fois, en accompagnant une PME tech, leur instinct était de mettre « innovation produit » comme force principale. En interrogeant les clients, on s’est rendu compte que ce qu’ils appréciaient le plus, c’était la réactivité du SAV. Ce n’était pas “sexy”, mais terriblement différenciateur.

3. Listez les faiblesses (sans fard)

Personne n’aime faire ça. Mais c’est souvent ici que l’analyse devient réellement stratégique. Demandez-vous :

  • Qu’est-ce qui freine notre performance commerciale aujourd’hui ?
  • Quels sont les irritants côté client ?
  • Où sommes-nous vraiment dépendants (d’un canal, d’un commercial star, d’un fournisseur) ?
Lire  Customer effort score : pourquoi cet indicateur change la donne en relation client

Dans une mission récente pour une scale-up, leur gros point faible était un turn-over très élevé dans l’équipe commerciale. Ce qui plombait la transmission de savoir. Mais ça n’apparaissait dans aucun document interne… jusqu’à l’analyse SWOT.

4. Scrutez les opportunités

Ici, on regarde à l’extérieur. Qu’est-ce qui, dans votre environnement, pourrait booster votre activité si vous agissez vite et bien ?

  • Changement de la législation favorable
  • Niches de marché peu exploitées
  • Évolution sociétale (ex : attente de transparence, de local, de numérique)
  • Technologie rendant un process plus scalable

J’ai en tête un client dans le secteur RH qui, pendant la réforme sur le CPF, a tout de suite vu l’opportunité de positionner ses formations commerciales dans ce cadre. Résultat ? Chiffre d’affaires multiplié par 3 en 18 mois.

5. Prenez les menaces au sérieux (pour de vrai)

Pas de paranoïa ici, mais du pragmatisme :

  • Nouveaux entrants agressifs sur le pricing
  • Disruption technologique menaçant votre business model
  • Évolutions réglementaires contraignantes
  • Cycle de vente qui s’allonge dans votre secteur

Ne tombez pas dans la tentation du “ça n’arrive qu’aux autres”. Le commercial ou le dirigeant qui sous-estime les signaux faibles aura souvent une grosse surprise… trop tard.

La vraie valeur de la matrice SWOT : les croisements stratégiques

Une fois votre matrice remplie, vous n’avez encore qu’une moitié de travail réalisée. L’étape essentielle ? Croiser les informations, et en tirer des axes d’action.

  • Forces + Opportunités = core business à développer ! Qu’est-ce qui peut fonctionner très fort si on appuie dessus maintenant ?
  • Forces + Menaces = protection. Comment utiliser nos atouts pour résister à ce qui vient ?
  • Faiblesses + Opportunités = gisements d’amélioration. Que devons-nous renforcer pour vraiment profiter du marché ?
  • Faiblesses + Menaces = points critiques. Ce combo-là peut vous faire très mal. Il faut intervenir vite (et parfois changer de cap).
Lire  Batna négociation : comment renforcer votre position et conclure plus efficacement

Par exemple, une entreprise avec un excellent taux de satisfaction client (force) pourrait capitaliser sur une opportunité comme la hausse des budgets RSE en proposant un service à forte valeur éthique. Ce croisement “Force + Opportunité” devient un plan d’action prioritaire. C’est ici que la SWOT devient un vrai outil opérationnel.

Utiliser le SWOT en équipe : le booster d’alignement

Un conseil : ne faites pas votre SWOT tout seul dans votre coin. L’outil devient beaucoup plus puissant quand il est co-construit. Cela permet :

  • de croiser les regards (direction, commerce, marketing, produit…)
  • de créer de l’alignement stratégique
  • de favoriser l’adhésion au futur plan d’actions

J’ai souvent animé des ateliers SWOT avec des équipes commerciales complètes. Résultat : des commerciaux plus engagés parce qu’ils ont participé à l’analyse. Et un plan bien plus réaliste… parce qu’il vient du terrain.

Modèle de matrice SWOT à remplir (téléchargeable)

Pour vous faciliter la tâche, voici une structure de matrice simple à remplir :

Forces Faiblesses
Ex : image de marque forte dans notre secteur Ex : dépendance à un seul canal de vente
Opportunités Menaces
Ex : évolution légale ouvrant un nouveau marché Ex : montée en puissance d’un concurrent low-cost

N’hésitez pas à la personnaliser selon votre secteur, voire à l’utiliser avec vos clients en rendez-vous pour les aider à clarifier leur propre positionnement. C’est aussi une posture de conseil qui valorise votre expertise commerciale.

Dernier mot (ou presque)

SWOT, c’est simple, mais pas simpliste. Bien utilisé, c’est un révélateur stratégique, un excellent outil de communication interne, et parfois même… un déclencheur de transformation d’entreprise.

Alors prenez votre temps, posez clairement vos constats, impliquez vos équipes, et surtout : osez la lucidité. Car comme souvent en stratégie, les meilleurs leviers sont sous nos yeux… à condition d’oser les regarder en face.

Et vous, quand avez-vous fait votre dernière vraie SWOT digne de ce nom ?

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